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vendredi 24 octobre 2025

Du cadre à l’action : comment le DIH guide nos projets humanitaires

Muslim Hands France

À l’occasion de la Journée des Nations Unies du 24 octobre, Muslim Hands France réaffirme son engagement envers les principes qui fondent son action humanitaire. Le Droit international humanitaire (DIH) en est l’un des piliers, garantissant que chaque intervention soit conduite dans le respect de la dignité humaine et la protection des civils.

Agir en toute humanité, neutralité, indépendance et impartialité n’est pas seulement un principe, mais une responsabilité qui oriente nos programmes en France comme à l’international. Qu’il s’agisse d’accès à l’eau, de santé, d’éducation, d’aide alimentaire ou de protection des enfants, chaque action s’inscrit dans ce cadre. 

C’est dans cet esprit que notre collègue, Léa Mallo, chargée des programmes d’accès à l’eau et à la santé, a récemment suivi une formation approfondie et une conférence sur le Droit international humanitaire. À travers son expérience, nous explorons comment ces enseignements peuvent se traduire concrètement dans les actions menées par Muslim Hands France. 

Q1. Léa, pouvez-vous vous présenter et expliquer votre rôle chez Muslim Hands France ? 

Je suis chargée des programmes Eau et Santé. Mon rôle consiste à concevoir, mettre en œuvre et suivre techniquement et opérationnellement les projets à l’international. Je veille à la qualité des interventions en lien avec les partenaires de Muslim Hands France et leurs équipes opérationnelles, depuis l’évaluation des besoins jusqu’à la mise en œuvre et au reporting final. 

Concrètement, cela signifie visiter les zones d’intervention, évaluer les besoins, rencontrer les bénéficiaires, participer aux distributions et assurer un contrôle de qualité pendant ces opérations. Je veille également au respect des droits et de la sécurité des bénéficiaires tout au long du cycle du projet, et j’évalue leur satisfaction avant, pendant et après l’intervention. Enfin, je réalise une veille contextuelle sur les pays d’intervention, et je travaille étroitement avec le pôle Relations Donateurs pour le suivi opérationnel des projets de puits individuels. 

Q2. Vous venez de suivre une formation en droit international humanitaire (DIH). Qu’est-ce qui vous a marqué et pourquoi est-ce pertinent pour votre rôle ? 

J’ai suivi une formation intensive de cinq jours, organisée à l’occasion des 75 ans des Conventions de Genève de 1949, dans les locaux de la Croix-Rouge française. Elle réunissait des profils très variés : étudiants, professionnels de l’humanitaire, journalistes et juristes. Les intervenants venaient de différents horizons du monde du DIH et de l’action humanitaire, et les sessions mêlaient cours théoriques, exercices pratiques, discussions de groupe et mises en situation. 

De nombreuses thématiques ont été abordées : la qualification juridique des situations de violence, les défis humanitaires contemporains, la conduite des hostilités, la désinformation, l’impact des nouvelles technologies, ou encore la répression des violations du Droit International Humanitaire (DIH). 

Ce qui m’a le plus marqué, c’est la portée très large du DIH. Il fixe des règles précises pour protéger les civils et les biens culturels, reconnaissables notamment par un emblème bleu et blanc. Il encadre l’action humanitaire en période de conflit, qu’il soit international ou non, et norme les comportements des belligérants. J’ai également été impressionnée par la manière dont le CICR continue d’intervenir auprès des parties en conflit pour rappeler ces règles, notamment à travers la visite d’otages ou de personnes privées de liberté. 

Le DIH est un droit vivant, qui doit évoluer avec son temps : les réseaux sociaux, la cybersécurité ou la désinformation posent aujourd’hui de nouveaux défis. 

Enfin, la ratification et la reconnaissance du DIH par les États ont un impact direct sur son application et sur l’intégration de ses règles dans les cadres juridiques nationaux. 

Q3. Comment ces enseignements peuvent-ils vous aider concrètement dans la programmation et la mise en œuvre des projets Eau et Santé ? 

Le DIH fournit un cadre clair pour protéger et assister les civils, même en contexte de crise ou de conflit. Ces principes guident l’action humanitaire en rappelant que chaque projet doit garantir le respect de la dignité humaine et l’accès aux services essentiels sans distinction ni discrimination. 

Concrètement, cela signifie intégrer dès la conception du projet les règles de protection, de neutralité et d’impartialité, afin de s’assurer que les bénéficiaires soient traités équitablement et respectueusement. Ces apprentissages me permettent de renforcer cette vigilance au quotidien, en veillant à ce que nos projets Eau et Santé s’inscrivent pleinement dans ce cadre de responsabilité et d’éthique humanitaire. 

Q4. Muslim Hands France investit dans le renforcement des compétences de ses équipes. Comment percevez-vous cette démarche ? 

C’est une démarche très positive, car elle traduit une volonté d’accompagner les personnels salariés dans leur développement professionnel et de capitaliser sur leurs compétences. On sent une vraie confiance de la part de la direction, qui encourage la formation continue et la montée en compétence des équipes. 

Même si, en tant que chargés de programmes, nous ne faisons pas directement du plaidoyer ou du droit, il est essentiel d’avoir en tête les principes du DIH. Nous plaçons l’humain au cœur de nos projets, et cela suppose que toutes les décisions stratégiques soient influencées par le respect de ce droit fondamental.

Q5. En quelques mots, comment résumeriez-vous l’importance du droit humanitaire dans votre quotidien à Muslim Hands France ? 

À travers l'ensemble de nos actions, nous devons placer les personnes au centre de nos préoccupations, veiller au respect de leurs droits et de leur dignité, et assurer leur protection lors de nos interventions. Cela passe aussi par l’écoute de leurs témoignages, la prise en compte de leurs retours et la mise en place de mécanismes de plainte, pour garantir que chaque voix puisse être entendue et que chaque projet reste fidèle à ses bénéficiaires. 

L’expérience de notre collègue Léa Mallo montre que le Droit International Humanitaire ne se limite pas à un cadre théorique, mais constitue un véritable guide pour agir avec humanité, impartialité et respect des droits fondamentaux 

Chaque projet mené par Muslim Hands France, qu’il s’agisse d’accès à l’eau, de santé ou d’éducation, s’inscrit dans ce cadre éthique, garantissant que les bénéficiaires soient protégés et entendus. En plaçant l’humain au cœur de ses actions, l’organisation transforme les principes du DIH en gestes concrets sur le terrain, rappelant que l’efficacité humanitaire va de pair avec dignité et justice. 


Muslim Hands France

Etablie en 2007, Muslim Hands France est une ONG de solidarité internationale régie par la loi 1901 et œuvrant dans le domaine de l’humanitaire et du développement.