Somalie : quand conflits et sécheresse mettent des vies en péril
    CONFLITS ET SÉCHERESSE : UNE DOUBLE MENACE EN SOMALIE
Dans un pays où la chaleur accablante et le manque de nourriture rythment le quotidien, la survie est devenue un défi permanent en Somalie.
Selon les Nations Unies, environ 4,4 millions de personnes sont actuellement confrontées à une insécurité alimentaire aiguë, dont 1,85 million d’enfants souffrent de malnutrition sévère. Cette crise est exacerbée par une sécheresse prolongée, la hausse des prix alimentaires et des financements humanitaires insuffisants, laissant des millions de personnes sans ressources pour subvenir à leurs besoins vitaux.
La situation est particulièrement critique dans la région de Mudug. Les districts de Towfiiq et Guricel ont été frappés par des affrontements interclaniques survenus du 26 juin au 2 juillet 2025, entraînant le déplacement massif de plus de 26 000 personnes. La majorité des familles déplacées vivent dans des abris de fortune, avec un accès très limité à la nourriture, l’eau potable, aux soins de santé et à l’éducation.
D’après les évaluations récentes de l’ONU et du HCR, près de 70 % des ménages déplacés dépendent entièrement de l’aide humanitaire pour se nourrir, tandis que la malnutrition infantile continue de progresser à un rythme inquiétant. Les personnes âgées, veuves et les enfants sont particulièrement exposés à la faim, aux maladies hydriques et à la violence, soulignant l’urgence d’une intervention humanitaire rapide et coordonnée.
    RÉPONDRE AUX BESOINS URGENTS DES FAMILLES DÉPLACÉES À MUDUG
Pour faire face à cette crise humanitaire, Muslim Hands France et son homologue Somalien ont lancé ces derniers mois un projet d’assistance d’urgence dans les villages de Hingaras et Iftiin, dans la région de Mudug. L’initiative visait à fournir un soutien immédiat à 1 000 familles déplacées, soit 7 000 personnes, parmi lesquelles des enfants, des orphelins, des veuves, des personnes âgées et des personnes en situation de handicap.
Le projet a combiné assistance alimentaire et distribution d’articles essentiels, répondant aux besoins vitaux des populations les plus vulnérables, notamment :
- 1 000 colis alimentaires, comprenant riz, farine, sucre, huile et haricots, pour nourrir les familles les plus vulnérables.
 - 1 000 lots de matériaux de toiture et 2 000 nattes de sol, pour offrir des abris sécurisés et protéger du vent, du soleil et des intempéries.
 - 3 000 serviettes hygiéniques et 1 000 savons, afin de garantir l’hygiène et la dignité des femmes et adolescentes.
 - 1 000 lampes solaires, permettant aux enfants d’étudier le soir et aux familles de se déplacer en sécurité après la tombée de la nuit.
 
    HALIMA, UNE GRAND-MÈRE QUI SE BAT POUR NOURRIR LES SIENS
Parmi les bénéficiaires de la récente distribution menée à Towfiiq, dans la région de Mudug, se trouve Halima Aden Omar, 57 ans. Dans ce district marqué par la sécheresse et la pénurie, cette grand-mère incarne la dignité et la résilience face à l’épreuve. Veuve depuis plusieurs années, elle vit avec sa fille et ses trois jeunes petits-enfants âgés de 2 à 8 ans. Depuis le décès de son mari — le pilier de la famille — la vie d’Halima a basculé dans l’incertitude.
Privée de toute source de revenus stable, la famille dépend aujourd’hui de l’aide humanitaire et de la bienveillance de quelques proches. Sa fille parvient parfois à trouver de petits travaux, comme le ménage ou l’aide dans une boutique, mais ces emplois sont rares et très peu rémunérés. La plupart des jours, le foyer n’a rien à manger.
Leur abri, fait de morceaux de tissu déchirés et de tôles ondulées, n’offre qu’une protection dérisoire contre le vent et la chaleur. Une seule pièce sans porte, sans sol ni mobilier : quand la pluie tombe, l’eau s’infiltre et trempe leurs maigres affaires. Les enfants dorment souvent à même le sol, et les journées s’écoulent entre la faim, la fatigue et l’attente d’un lendemain meilleur.
« Il y a eu des jours où nous n’avons que de l’eau avant de dormir », confie Halima, le regard baissé. « Je regardais mes petits-enfants pleurer de faim, sans savoir quoi leur dire. J’étais désespérée »
Lorsque Muslim Hands Somalie est intervenu à Towfiiq, l’aide est arrivée comme une délivrance. Grâce à la distribution de colis alimentaires, Halima a pu nourrir ses petits-enfants pendant de nombreuses semaines. La lampe solaire offerte a apporté de la lumière dans leur foyer, tandis que la natte fournie a permis aux enfants de ne plus dormir directement sur le sol.
« Je peux enfin respirer », dit-elle en larmes. « Qu’Allah vous bénisse pour votre bonté. Vous avez aidé une grand-mère à nourrir ses petits-enfants. Vous avez apporté la lumière dans notre maison — pas seulement la lumière solaire, mais l’espoir dans nos cœurs. Nous sommes infiniment reconnaissants. »
Pour les familles comme celle d’Halima, ces actions apportent un répit précieux et le sentiment de ne pas être oubliées. Dans un environnement où la faim et l’incertitude règnent, il est essentiel de poursuivre ces gestes de solidarité afin que d’autres familles puissent, elles aussi, retrouver dignité et sécurité.
                            
                            
                        
        
                                
                                







