Mon voyage au Yémen en un mot : le chaos
Arrivé au Yémen, je savais que le pays était en état de crise, mais je ne m'attendais pas à découvrir un tel chaos. Partout où je regardais, je ne voyais que destruction et désespoir.
En effet, nous avons atterri à l’aéroport d’Aden et la première chose que nous avons vue était un trou énorme dans le toit : l'aéroport avait été attaqué deux semaines plus tôt. C'est l’instant précis où j'ai compris que j’allais vivre avec la peur de l'inconnu tout au long de mon voyage. Ce qui m'a le plus frappé, c'était la destruction totale du pays et les hauts murs construits partout comme points de contrôle. Tout le monde était armé, il n’y avait aucun sentiment de sécurité.
Ce qui m'a quand-même réconforté, malgré l’atmosphère austère, c'était de voir que l’équipe de Muslim Hands Yémen faisait un merveilleux travail sur le terrain, notamment dans des zones très difficiles d'accès, y compris à Al-Qoud où nous avons visité une clinique mobile de Muslim Hands qui offre des soins médicaux à des milliers de personnes.
Nous avons également visité une école détruite dans le village de Lawdar dans le gouvernorat d'Ebyan. J'étais complètement sous le choc : des enfants, comment pout-on détruire une école ? Comment peut-on lancer un missile sur une école ? C'était vraiment difficile pour moi de savoir que beaucoup d'enfants meurent chaque jour au Yémen.
Ensuite nous sommes allés à Taïz, une ville où la situation est encore très difficile. L'ensemble du système d'eau courante a été détruit : les gens n'ont pas accès à l'eau ni à l'électricité. Nous en avons profité pour visiter certaines écoles où nous avons distribué des repas aux élèves.
Nous avons également visité un hôtel qui a été transformé en école pour accueillir des enfants qui avaient perdu la leur. J'étais bouleversé, c'était catastrophique, sanitairement parlant, les conditions étaient très mauvaises pour accueillir des enfants.
J’ai aussi visité la clinique mobile de Muslim Hands France qui fonctionne dans la région montagneuse de Jabal Habachi, une zone très difficile d'accès. La population m’a beaucoup touché, j’étais très fier de ce projet qui servait à des personnes aussi belles et généreuses, c'était juste très dur de les voir se battre pour avoir la chance de voir un médecin, l'hôpital le plus proche étant à 4 heures de route sur des routes très dangereuses.
En effet, pour rentrer à Aden depuis Taïz, nous avons dû emprunter des routes montagneuses difficiles ; à titre d’exemple, il nous a fallu 6 heures pour parcourir 200 km car nous devions éviter les routes dangereuses. Non loin d'Aden, nous avons organisé une distribution de colis alimentaires dans le village d'Al-Hag dans le gouvernorat de Haran où les gens vivent dans des conditions très difficiles. Alhamdoulillah, malgré le temps très rude, tout s’est bien passé.
Nous avons également visité la ville de Mokha, qui se trouve au sud-ouest du Yémen (une zone très stratégique, proche de l'Égypte, de Djibouti, etc.). Nous sommes allés plus loin et avons visité Al-Bawaker, un village extrêmement pauvre et peu développé où tout le monde est armé. Les enfants ne vont pas à l’école, ils n’ont pas de chaussures, ils manquent tellement de nourriture que leurs parents leur donnent la nourriture qui est censée être donnée aux animaux : des petites graines qui poussent juste pour calmer leurs estomacs vides. Voir toute cette misère m’a vraiment brisé le cœur.
Juste après, nous avons visité un grand projet de puits à panneaux solaires qui m’a mis un peu de baume au cœur à Al-Bariqa : ce projet fournit de l'eau à une distance de 40 km ! C'était un moment très fort en émotion alhamdoulillah.
Pour résumer, c’était un voyage très difficile mais je suis rentré à la maison enrichi par tout ce que j'avais vu au Yémen. Mon cœur est brisé de voir ce pays magnifique, riche en culture et très accueillant complètement détruit. Ce qui fait encore plus mal, c’est de savoir que ça arrive à des personnes chères au cœur du Prophète (saw). Quand je pense au Yémen maintenant, c’est la destruction qui me vient à l'esprit. La destruction totale. Je suis heureux que nous travaillions dur pour les aider, mais j'ai toujours l'impression que ce n'est pas suffisant, j'espère vraiment que nos donateurs nous aideront à faire plus in chaa Allah.
Walsalam alaykoum wa rahmatoullahi wa barakatoh.