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mardi 20 avril 2021

Mon premier voyage humanitaire

Basma Abousaleh

J’ai tellement de choses à dire, tellement de choses à partager, et pourtant si peu de mots me viennent. C’était une expérience unique, qui a changé la perception que j’avais du monde et de la vie, une expérience qu’on ne peut comprendre avant de l’avoir vécue, une expérience à vivre, tout simplement.

Ibn Battuta disait « voyager vous laisse d’abord sans voix, puis vous transforme en conteur », mais je crois que je suis dans une phase entre les deux, où j’ai envie de parler de tout ce que j’ai vu et vécu, de tous les visages, les sourires, les larmes qui m’ont à jamais marqués, mais que je me retrouve perdue dans mes souvenirs, ne sachant pas trop par où commencer.

C’était mon premier voyage en Afrique, et j’allais visiter le Mali et le Niger. Je ne savais vraiment pas à quoi m’attendre, les professionnels de santé en France m’avaient fait tellement peur, en plus des vaccins ils m’avaient prescrit une batterie de médicaments et de répulsifs spéciaux, et m’avaient mise en garde contre tout ce que j’allais toucher, boire ou manger. J’avais l’impression que ma vie était en danger, une pharmacienne m’a même regardée dans les yeux et m’a dit : « vous êtes vraiment courageuse ». Je souris maintenant en y repensant, j’étais d’ailleurs tellement heureuse que j’ai écrit ces mots dans mon carnet au moment où l’avion en direction de Bamako allait décoller :

« Rien n’égale le sentiment que je ressens lorsque l’avion décolle, absolument rien. Je sens mon cœur se soulever de joie et de bonheur. Je me sens pleine, complète, satisfaite, reconnaissante d’être en vie, reconnaissante pour chaque inspiration, et pour chaque opportunité. Alors je remercie Dieu, je le remercie encore et encore pour tout. C’est le seul moment, lorsque je suis dans un avion et que je décolle vers une nouvelle aventure, où je suis en paix, tellement satisfaite de cet instant où j’embrasse la vie que je n’ai plus peur de mourir, le seul moment où je suis prête à partir ».

Je ne savais pourtant pas à ce moment-là que ce que j’allais vivre allait être encore plus intense que tout ce que j’avais pu imaginer. Nous ne dormions que quelques heures par nuit, et passions nos journées à rencontrer le plus de personnes possible pour les écouter, en apprendre plus sur leurs conditions de vie et les aider.

Des heures et des heures de route, des villages lointains, et des personnes toujours aussi accueillantes et heureuses de nous voir. Elles n’avaient rien de matériel à offrir, mais leurs cœurs et leur bonté nous permettaient à chaque fois de nous sentir comme chez nous.

Nous étions tous frères et sœurs, et c’était beau à voir, malgré la dure réalité à laquelle nous étions confrontés.

En effet, nous avons rencontré des familles qui buvaient l'eau sale et polluée d'une rivière parce qu'elles n'avaient pas de puits ; nous avons rencontré des personnes déplacées dans des camps qui avaient passé des jours sans rien manger, des hommes, des femmes, des enfants et des personnes âgées affamés ; nous avons rencontré des veuves qui souhaitaient subvenir aux besoins de leurs enfants mais ne trouvaient aucune opportunité malgré leur motivation à travailler ; nous avons rencontré des enfants qui travaillaient dans les rues parce qu’ils n’avaient personne pour leur offrir une scolarité ; nous avons rencontré des mères qui avaient perdu leurs enfants, des enfants qui avaient perdu leurs parents, des femmes qui avaient perdu leurs maris, et des maris qui avaient perdu leurs femmes, de maladies guérissables faute de traitement ; nous avons rencontré des personnes qui étaient devenues aveugles à cause de la cataracte parce qu’elles n’avaient pas les moyens de payer la chirurgie dont elles avaient désespérément besoin.

Jamais je n'avais eu aussi mal ni ressenti autant de joie. Je riais et pleurais, pleurais et riais ; et j'étais vraiment fière de nos donateurs, tellement fière de leur générosité et de leur miséricorde, tellement fière de voir que leurs dons font la différence dans de si nombreuses vies.

Alhamdoulillah, grâce à vos dons, nous pouvons offrir de l'eau potable à des milliers de familles pour protéger leurs enfants des maladies liées à l'eau.

Durant notre voyage, nous avons également distribué des centaines de colis alimentaires à des personnes qui souffraient énormément de la faim.

Nous avons aussi visité nos écoles de l'excellence de Bamako et de Niamey qui accueillent des centaines d'orphelins parrainés par nos généreuses donatrices et nos généreux donateurs qui offrent à ces enfants des repas au quotidien, une éducation de qualité et un suivi médical. Grâce à vous, ils peuvent s'épanouir, grandir dans de bonnes conditions et rêver d'un meilleur avenir.

Nous avons aussi aidé des femmes veuves à installer leurs commerces que nos généreux donateurs leur avaient offerts. Ces boutiques permettent à des personnes de devenir indépendantes en générant des revenus par elles-mêmes pour subvenir aux besoins de leurs enfants !

Nous avons également offert des machines à coudre aux femmes qui avaient terminé leurs formations de couture dans nos centres de formation de Bamako et de Niamey. Elles étaient tellement heureuses !

Nous avons distribué des élevages de chèvres et de poules à des familles pauvres pour les aider à nourrir leurs enfants et à générer des revenus.

Mais mon plus beau souvenir reste le jour où nous avons distribué des chaussures et des cartables aux enfants de notre école de l'excellence au Niger. Je n'oublierai jamais leurs magnifiques sourires, ils étaient tellement heureux ! Avant ce voyage, je considérais ce genre de dons moins important que les dons de nourriture ou d’eau potable qui répondent à un besoin vital, mais après avoir vu le bonheur et la joie que ces simples cadeaux apportaient à ces petits orphelins, j'ai compris l’importance de chaque don, aussi petit soit-il, et la valeur inestimable de chaque sourire que nous dessinons sur leurs visages !

Pour finir, j’aimerais citer Gustave Flaubert : « Voyager rend modeste. On voit mieux la place minuscule qu’on occupe dans le monde », car c’est exactement ce que je ressens maintenant. Nous ne nous rendons pas toujours compte de la chance que nous avons de ne manquer de rien, nous devrions vraiment être plus reconnaissantes et reconnaissants, car des milliards de personnes dans le monde n’ont pas autant de chance que nous. Je n'avais jamais vu la faim, la vraie faim, et je n'avais jamais vu autant de souffrances. Je remercie Allah pour toutes Ses bénédictions et j'espère qu'Il me donnera la chance de continuer de travailler au service des plus vulnérables.

En ce mois béni de Ramadan, ne les oubliez pas dans vos douas et vos dons. Qu'Allah vous récompense grandement pour la différence que vous faites dans leur vie et qu'Il soulage vos peines comme vous soulagez les leurs.

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Muslim Hands France

Etablie en 2007, Muslim Hands France est une ONG de solidarité internationale régie par la loi 1901 et œuvrant dans le domaine de l’humanitaire et du développement.