UNE PRÉCARITÉ SILENCIEUSE AUX PORTES DE PARIS 

Ils sont jeunes, seuls, et souvent invisibles. En Île-de-France, plus de 5 000 mineurs non accompagnés ont été identifiés en 2022 selon le Ministère de la Justice, mais beaucoup d’autres échappent aux statistiques : absence de documents, délais de reconnaissance, manque de structures adaptées… Ces adolescents, parfois âgés de 14 ou 15 ans, vivent dans la rue, sans protection, et sans accès aux droits les plus fondamentaux. 

En janvier 2025, la Ville de Paris a recensé 4 300 personnes sans abri dans les rues de la capitale en une seule nuit. Parmi elles, un nombre croissant de jeunes en errance, souvent originaires d’Afrique de l’Ouest, livrés à eux-mêmes dans un système d’accueil saturé. La région francilienne affiche par ailleurs un taux de pauvreté de 16,1 % d’après l’INSEE, avec des pics dans les départements périphériques comme la Seine-Saint-Denis. 

Ces jeunes, souvent âgés de 14 à 17 ans, dorment dehors, dans des campements de fortune, sous les ponts ou à proximité de stations de métro. Ils mangent peu, marchent des kilomètres chaque jour à la recherche de nourriture, d’un abri ou de vêtements. Isolés, invisibilisés, exposés aux dangers de la rue, leur quotidien est fait d’insécurité et d’incertitude. 

« Nous n’avons ni logement, ni revenus, ni papiers. Nous marchons toute la journée pour chercher à manger, se laver, trouver un abri. » confie Ahmed, 16 ans, arrivé à Paris à l’automne 2024. Originaire de Guinée, il vit dans un campement de fortune à proximité de l’Hôtel de Ville, aux côtés d’autres jeunes venus seuls d’Afrique de l’Ouest. Comme lui, ils sont 529 à avoir formé le « collectif des jeunes du Pont Marie », unis par les mêmes blessures. 

DES ACTIONS QUI RÉCHAUFFENT LES CORPS ET LES COEURS… 

Dans ce contexte de vulnérabilité persistante, Muslim Hands France intervient de manière continue aux côtés de ces jeunes pour répondre à leurs besoins essentiels. Tout au long de l’année 2024, des maraudes régulières ont permis d’aller à la rencontre des jeunes dans les rues de Paris et de sa périphérie, pour leur remettre repas chauds, kits d’hygiène, vêtements d’hiver et du matériel de première nécessité.  

Au travers ces interventions, plus de 5 100 personnes ont été soutenues, dont une majorité de jeunes en situation de grande précarité. Parmi les opérations ciblées en faveur des mineurs non accompagnés, plus de 3 400 repas ont été distribués, dont 1 670 iftars pendant le mois de Ramadan.  

À l’occasion de l’Aïd al-Adha, un barbecue solidaire a permis de partager plus de 200 repas festifs dans un cadre convivial et fraternel. Par ailleurs, 480 jeunes ont pu bénéficier de kits d’hygiène complets, comprenant savon, dentifrice, serviettes et protections, tandis que plusieurs centaines d’autres ont reçu des vêtements chauds, des tentes, des sacs de couchage ou du matériel scolaire, pour répondre à l’urgence de la rue. 

Ces actions simples, mais essentielles, prennent une signification particulière lorsqu’elles sont portées par la proximité culturelle et humaine. Les repas, souvent préparés par des femmes originaires d’Afrique de l’Ouest, rappellent aux jeunes bénéficiaires les plats de leur enfance.  

« Je n’ai jamais mangé un plat aussi bon depuis que je suis ici. La manière de cuisiner nous rappelle notre enfance… », confie Fodé, bénéficiaire des maraudes. Ahmed renchérit : « Même une fois par semaine, ça suffit. Les odeurs, les saveurs… on a l’impression que tout redevient normal. » 

…MAIS AVANT TOUT DES ACTIONS HUMAINES ET DE PROXIMITÉ 

Mais l’action de Muslim Hands France ne se limite pas à la réponse alimentaire. L’organisation s’inscrit dans une démarche globale d’accompagnement, en lien avec des collectifs citoyens comme celui du Collectif des Jeunes du Parc de Belleville, ainsi que plusieurs partenaires associatifs, dont Au Coeur D’Epinay (ACE) ou encore le Collectif Audonien Solidarité Migrants (CASM).  

Ces actions visent à retisser du lien social, orienter vers les dispositifs de droit commun et faciliter les démarches administratives, scolaires ou médicales. Les cafés solidaires, les maraudes ou les ateliers permettent de créer un espace d’écoute, de confiance et de reconstruction. 

Ce soutien de proximité souvent la différence dans les moments critiques. En mars 2025, l’évacuation du site de la Gaîté Lyrique, qui abritait alors plusieurs dizaines de mineurs non accompagnés, a laissé de nombreux jeunes à la rue du jour au lendemain, sans solution de relogement immédiate. 

« Vous êtes venus même quand il pleuvait, quand la Gaîté Lyrique a été évacuée. Vous ne nous avez jamais laissés », se souvient Ahmed. Aujourd’hui, il souhaite à son tour s’engager : « Moi aussi, je veux aider les autres. Vous nous avez redonné confiance dans l’humanité. » 

Muslim Hands France continuera encore et toujours à se tenir aux côtés des mineurs non accompagnés, pour défendre leurs droits et leur dignité. Parce que cet engagement sur le terrain se poursuivra aussi longtemps que nécessaire, ces jeunes ont besoin de vous toutes et toutes. En soutenant les actions de Muslim Hands France, vous leur permettez de retrouver leur dignité, de reconstruire leur intégrité, et de reprendre place dans notre société. 

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