Famine en Somalie : l’histoire d’Amina
Près d'un quart de million de personnes en Somalie sont menacées par la famine en raison d’une sécheresse extrême ayant provoqué de mauvaises récoltes. Durant notre voyage sur place, nous avons rencontré Amina et son fils Muhammad âgé d'un an lors de notre distribution de colis alimentaires d'urgence. Les deux souffrent de malnutrition sévère, Muhammad était tellement petit. Accroché à sa mère, il semblait effrayé.
Nous avons demandé à Amina comment elle s'en sortait, et elle nous a répondu : « Depuis que je suis arrivée à Mogadiscio il y a un mois, nous n'avons pas d'argent, alors pour joindre les deux bouts, je prie. Cela fait trente jours que je n'ai pas eu de nourriture adéquate et nous avons tous faim au point que les enfants pleurent. Je ne peux même pas me permettre d'acheter du sucre ou du lait, et cela me bouleverse ». Lorsqu'on lui a demandé quand était la dernière fois qu'elle avait pris un bon repas, Amina a répondu : « Il y a quelques jours, j'ai mangé du riz nature et ce matin, j'ai pris une tasse de thé ».
Six millions de personnes à travers le pays dépendent de l'élevage pour subvenir aux besoins de leurs familles. En tant qu'éleveurs de bétail, Amina et sa famille menaient une vie confortable, mais la récente sécheresse les a privés de leur gagne-pain : « Ma vie à Saplaal était bonne, nous avions 100 bovins et nous pouvions bien vivre, mais la sécheresse a fait que nous avons tout perdu et lorsque les animaux ont commencé à mourir, j'ai su que nous allions vivre des moments difficiles. Pour ma famille, cette sécheresse a eu un impact considérable sur notre vie et cela a été le défi le plus difficile que nous ayons dû affronter ».
Après un mois à planifier son départ pour Mogadiscio, Amina a décrit l'inquiétude qu'elle a ressentie lorsqu'elle a réalisé qu'elle voyagerait avec ses enfants et sa mère de 70 ans sans son mari. « Le voyage a été extrêmement difficile et nous avons dû prendre des jours de repos à cause de la faim et de la soif. Muhammad a lutté tout au long du voyage et nous avons tous les deux eu beaucoup de fièvre ».
Nous avons remarqué que Muhammad essayait de téter, alors qu'Amina n'avait pas de lait à donner : « Muhammad ne peut pas faire grand-chose pendant la journée. Soit il dort, soit je le porte car il ne peut pas marcher. Je lui donne du thé de temps en temps ou quelque chose de petit à manger bien qu'il se débatte ».
Alhamdoulillah, au cours de notre visite, Muhammad a été reçu dans une clinique pour que sa situation s’améliore.
Nous avons d’ailleurs demandé à Amina si elle se sentait assez à l’aise pour demander de l'aide mais elle a répondu le cœur brisé : « Comment pourrais-je parler de mes problèmes alors que nous sommes tous dans la même situation ? Je ne peux que garder mes pensées pour moi et essayer de continuer. Je lave les vêtements des gens ou je demande de l'argent aux gens parce que je suis mal nourrie, je me sens souvent fatiguée, je m'évanouis et je souffre de courbatures et de maux de tête ».
Amina et sa famille ont pris la route pour Mogadiscio avec rien d’autre que leurs vêtements sur le dos. Aujourd’hui, ses conditions de vie sont extrêmement difficiles : « Nous dormons tous par terre sur le sol et c'est très inconfortable. Si jamais le temps devait changer, je crains que l'abri que nous avons ne tienne pas et que nous nous retrouvions sans rien pour nous protéger ».
Interrogée sur ses espoirs pour l'avenir, elle nous a confié : « J'espère que Muhammad ira mieux et qu’il retrouvera sa santé. Il ne peut pas jouer, il ne peut pas marcher. J'ai un autre enfant qui est aussi malade et j’aimerais juste qu'ils soient en bonne santé. J’espère aussi qu’ils recevront une éducation pour avoir un meilleur avenir. Lorsque l'équipe de Muslim Hands a annoncé que je recevrais un colis alimentaire, j'étais si heureuse que cela m'a vraiment remonté le moral. J'espère que des organisations caritatives comme Muslim Hands poursuivront leurs actions. Je n'ai aucun regret d'avoir quitté Saplaal et d'être venue à Mogadiscio ».
Votre aide permet à des milliers de familles comme celle d’Amina de garder espoir et de continuer leur lutte pour leur survie. Ne l’oubliez pas, nos frères et sœurs souffrent et il est de notre devoir de les soutenir dans leur terrible épreuve. Le Prophète (saw) a dit : « L’exemple des croyants dans leur affection, leur miséricorde et leur compassion les uns pour les autres est celui d’un corps. Lorsqu'un membre souffre, tout le corps réagit avec insomnie et fièvre ». [Boukhari]
Qu’Allah vous récompense et vous accorde Son paradis.
