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vendredi 24 janvier 2020

Les familles oubliées de Syrie

Muslim Hands France
Les familles oubliées de Syrie

La crise syrienne a créé « la pire crise de réfugiés de notre époque » (ONU), avec environ 5,6 millions de réfugiés ayant fui le pays. La moitié de ces réfugiés sont des enfants. À l’intérieur du pays, plus de 13 millions de personnes ont encore besoin d'aide humanitaire. Beaucoup de familles ont perdu leurs foyers et tout ce qu’elles possédaient pour échapper au conflit meurtrier.

Cet hiver, des milliers de familles vivent dans des tentes à Idlib

Plus de trois millions de Syriens vivent dans le gouvernorat d'Idlib (dans le nord de la Syrie), beaucoup d’entre eux sont des déplacés internes. Dans le nord et le nord-ouest d'Idlib, le long de la frontière avec la Turquie, au moins 400 000 déplacés vivent dans des camps surpeuplés, des tentes, ou des abris de fortune, sans compter les centaines de milliers de personnes qui ont récemment fui les frappes aériennes et bombardements pour chercher refuge dans le nord du pays. Ces familles sont affaiblies, sous-alimentées et traumatisées, et leur arrivée dans les camps épuise encore plus les ressources.

Les conditions dans ces camps de réfugiés sont épouvantables toute l’année, mais les familles sont particulièrement vulnérables en hiver. Elles n'ont tout simplement pas les moyens de faire face aux conditions météorologiques extrêmes, au froid glacial et aux maladies hivernales qui épuisent leurs corps. Beaucoup vivent dans ces conditions depuis des années maintenant : après avoir tout abandonné pour protéger leurs enfants, ils savent désormais qu’ils peuvent les perdre à tout moment.

En effet, leurs tentes ont été endommagées par les inondations et les tempêtes des hivers précédents, et les données du récent rapport DYNAMO sont alarmantes :

  • Sur 320 camps dans le nord de la Syrie (Alep et Idlib), 69 % des personnes vivent dans des tentes (les autres vivent dans des abris de fortune ou des caravanes).
  • Seulement 56 % de toutes les tentes et abris se trouvent sur un terrain convenable (ce qui signifie qu'en raison d'un paysage accidenté ou vallonné, 44 % des tentes et abris sont instables).

  • 25 % des tentes ont besoin d'être réparées, tandis que 29 % doivent être remplacées d’urgence pour que les familles soient en sécurité cet hiver.

Les partenaires de Muslim Hands sur le terrain ont interrogé de nombreuses familles au sujet des conditions météorologiques en hiver, et leurs réponses ont été très difficiles à entendre : Mohamed, l’un des pères vivant dans les camps, a déclaré que chaque fois qu'il avait plu l'hiver dernier, il avait dû sortir ses enfants de leur tente inondée en pleine nuit. Le plus petit n'était alors âgé que de six mois. Leur tente s'enfonçait profondément dans la boue et les enfants étaient trempés de la tête aux pieds. Mohamed avait de plus beaucoup de mal à allumer un feu car les branches des arbres étaient toutes mouillées.

Le rapport DYNAMO a clairement montré que la plupart des réfugiés vivent dans des abris instables, ce qui est extrêmement préoccupant étant donné le risque de fortes pluies, de tempêtes et de chutes de neige en hiver, qui pourraient à leur tour entraîner des inondations et des glissements de terrain. L'hiver dernier, 83 camps dans la campagne d'Idlib ont été touchés par des conditions météorologiques extrêmes. En effet, les tentes ont été emportées, noyées ou effondrées alors que des personnes s’y trouvaient. Les routes ont été fermées en raison des inondations, les survivants n'ont donc pas pu accéder à l’aide dont ils avaient besoin.

Cet hiver, ces familles vivent toujours dans des abris instables, et le risque de blessures graves ou de décès est bel et bien présent.

Les Syriens, peu à peu oubliés.

La tragédie des familles déplacées à Idlib ne s’arrête malheureusement pas aux abris vulnérables dans lesquels elles vivent, le monde commence aussi peu à peu à les oublier. En effet, en plus des conditions de vie terribles pour ces personnes qui souffrent aussi bien physiquement que mentalement, cette crise s'est normalisée au point qu’elles ne reçoivent plus l'aide dont elles ont besoin pour vivre. L'hiver dernier, la majorité des familles déplacées dans le nord de la Syrie (Idlib et Alep) n'ont pas reçu les secours essentiels dont elles avaient besoin pour faire face aux températures :

Selon le rapport DYNAMO, « la principale difficulté rencontrée par les résidents des camps l'hiver dernier a été la rareté voire la quasi-inexistence de l'aide humanitaire dans certains camps ». Ces deux dernières années, les secours d’hiver aux familles déplacées ont nettement diminué. 199 camps à Idlib n'ont reçu aucun vêtement d'hiver l'année dernière.

Il est tout à fait inacceptable que ces familles déplacées souffrent chaque hiver de la faim, de la maladie et de la mort par manque d’aide humanitaire. Le conflit ne cesse d’affaiblir les familles syriennes depuis maintenant neuf ans ; il est de notre devoir de leur porter secours, elles ont désespérément besoin de notre aide cet hiver !

L'hiver, c’est la mort des plus vulnérables

L'exposition au froid et l'utilisation de carburants dangereux (comme brûler du plastique et de vieilles chaussures pour se réchauffer) causent de graves maladies. En un mois seulement, 1 489 patients se sont présentés aux points de soins médicaux du camp pour des maladies respiratoires chroniques, ce chiffre se limitant au nombre de patients qui ont accès aux points médicaux. La lutte devient encore plus difficile lors des inondations et des fermetures des routes en hiver.

 

Mostafa, père de huit enfants (sept filles et un garçon) nous a confié que ses enfants tombaient gravement malades en hiver et que chaque année, il avait peur que l’un d’eux ne survive pas. Son aînée n'a que 12 ans. Ils habitent à 20 km du centre de santé le plus proche. Certaines de ses filles ne parviennent pas à supporter les tensions physiques et mentales causées par ces conditions et souffrent parfois de crises d’épilepsie pendant plusieurs jours d’affilée.

« Cette situation est trop difficile. Cet hiver va être plus difficile que l'hiver dernier », a déclaré Mostafa. « Nous avons besoin de nourriture chaude, mais le bois de chauffage est toujours humide. J’espère que nous pourrons obtenir de l’aide pour pouvoir affronter cet hiver et qu’un jour, nous pourrons rentrer chez nous ».

Chaque année, des habitants de ces camps meurent de froid, en particulier lors de violentes tempêtes et lorsqu'il n'y a aucun moyen d'accéder aux points de soins médicaux. Les victimes sont toujours les plus vulnérables : les nouveau-nés, les enfants et les personnes âgées. Leurs corps faibles ne peuvent tout simplement pas faire face aux conditions météorologiques extrêmes. Les gens meurent également parce qu’ils n’ont pas accès à des moyens sécurisés de se réchauffer. En effet, l'hiver dernier, des incendies se sont déclarés dans 44 camps et 12 personnes sont tragiquement mortes brûlées.

Des vêtements chauds et des combustibles permettraient à Mostafa de protéger sa famille cet hiver. Il est essentiel que les familles vivant dans ces conditions reçoivent une aide d’urgence pour survivre à ces conditions extrêmes.

L’appel du peuple syrien s’intensifie en hiver

Le Prophète (saw) a dit : « L'exemple des croyants dans leur affection, leur miséricorde et leur compassion les uns pour les autres est celui d'un corps. Lorsqu'un membre souffre, tout le corps réagit avec insomnie et fièvre ». (Boukhari)

Les familles déplacées de Syrie prient pour obtenir l’aide dont elles ont besoin pour survivre cet hiver, et votre soutien pourrait être la réponse à leurs invocations. Nos équipes sont actuellement sur le terrain à Idlib pour distribuer une aide d’urgence vitale comme des vêtements chauds, des couvertures, des plats cuisinés et des combustibles, mais nous avons besoin de votre soutien pour atteindre le plus de familles possible.

 

pondez à leur appel, faites un don pour prouver au peuple syrien qu'il n'a pas été oublié !

 

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Muslim Hands France

Etablie en 2007, Muslim Hands France est une ONG de solidarité internationale régie par la loi 1901 et œuvrant dans le domaine de l’humanitaire et du développement.