Yémen : vivre sans eau, récits d’un peuple en détresse
Comment Muslim Hands lutte contre la pénurie d’eau dans l’un des pays les plus pauvres au monde
« Nous avons besoin d’eau ! Quand allez-vous nous aider ? », tels sont les cris de désespoir d’Abida.
« La situation dans ce camp est un désastre ! Nous préférons mourir plutôt que de vivre comme ça », renchérit une autre femme.
Dans un camp isolé de la ville désertique de Ma’rib, Abida vit avec sa famille de sept personnes sous une simple bâche tendue sur un poteau. Cette structure rudimentaire protège à peine de la chaleur écrasante de 40 degrés.
Lors de notre visite, Abida n’avait pas eu accès à de l’eau depuis cinq jours - une situation malheureusement commune dans le pays.
Le Yémen face à une crise de l’eau amplifiée par la guerre
Déjà touché par une grave pénurie d’eau, le Yémen voit sa situation empirer avec le conflit civil. Selon l’ONU, dix ans après le début de la guerre, plus de la moitié de la population lutte pour trouver ou acheter suffisamment d’eau potable pour répondre à leurs besoins quotidiens.
Le conflit en cours a gravement endommagé les sources d’eau potable essentielles, nécessitant des millions d’euros pour leur réhabilitation. Avec une infrastructure déjà obsolète datant de l’époque coloniale britannique, des zones urbaines comme Ma’rib et la capitale Aden peinaient déjà à fournir de l’eau courante directement dans les foyers.
Aujourd’hui, la population de ces gouvernorats ne cesse de croître à mesure que les personnes fuyant la violence ou quittant les villages ruraux en pénurie d’eau affluent vers les villes. En dix ans, la population de Ma’rib est passée de 30 000 à un impressionnant 1,5 million d’habitants.
Les compagnies d’eau gérées par l’État ne fournissent de l’eau qu’aux foyers pouvant en assumer le coût, et même alors, le service est limité à seulement quatre heures par jour, deux fois par semaine.
Dans les zones urbaines comme rurales, les familles tentent de trouver de l’eau gratuite auprès des fontaines publiques et des puits, notamment ceux situés dans les mosquées locales. Malheureusement, même les mosquées ne peuvent plus répondre à la demande croissante. Nombreux sont ceux qui se tourne vers l’eau acheminée par camion, achetée à des prix exorbitants dictés par les fournisseurs.
Témoignages d’un quotidien marqué par la soif
Muslim Hands s’est rendu à un point de distribution d’eau par camion à Aden, où vivent plus d’un million de Yéménites. Des foules de femmes, d’enfants et d’hommes, équipés de leurs bidons et parfois accompagnés de leurs ânes, parcourent chaque jour un trajet épuisant pour ramener de l’eau à leur famille.
Un homme a confié à notre équipe qu’il n’avait plus accès à l’eau potable chez lui depuis deux ans. Il a déclaré :
« Regardez combien de personnes sont ici, à lutter simplement pour une goutte d’eau ! Beaucoup sont malades mais doivent encore ramener de lourds bidons chaque jour. Certains jours, je ne peux pas chercher de l’eau pour ma famille parce que je m’évanouis en chemin. La situation s’est aggravée ces deux dernières années. Trouver une source fiable d’eau ici, c’est comme chercher de l’or. »
Avec l’inflation et la réduction de l’aide humanitaire, une intervention est indispensable pour aider ces familles à survivre dans ce paysage dévasté.
Depuis des décennies, le Yémen - pays le plus pauvre du monde arabe - subit de plein fouet les effets du changement climatique. Inondations, sécheresses et flambées de maladies sont devenues monnaie courante, aggravant la crise humanitaire.
Ahmed, agriculteur dans les montagnes d’Abyan et père de neuf enfants, témoigne de ces difficultés : « Nous vivons dans une région aride où trouver une source d’eau suffisante est un défi constant. Avant la réhabilitation de notre puits, nous restions souvent sans eau. Quand j’en trouvais, mon âne peinait à transporter les bidons à cause des routes dangereuses. »
Les femmes et les enfants, qui représentent 80 % des personnes ayant besoin d’une aide urgente et 75 % des déplacés internes, sont les premières victimes de la pénurie d’eau.
Les femmes parcourent souvent des kilomètres chaque jour pour trouver une eau souvent insalubre pour leur foyer. Ce périple quotidien les expose, elles et leurs enfants, à des maladies graves telles que le choléra.
Naïma, mère de cinq enfants vivant à Khokha, a perdu tragiquement son mari dans l’explosion d’une mine. Désormais seule pour subvenir aux besoins de sa famille, elle témoigne :
« Je tresse des feuilles de palmier pour gagner un peu d’argent, mais la vie est très difficile. Je souffre d’une maladie chronique, et chaque jour, mes enfants et moi marchons des kilomètres pour ramener de l’eau d’un puits. Nous vivons avec du pain et du thé. Ma santé se dégrade, et je ne sais pas combien de temps je pourrai encore les nourrir.”
De l’obscurité à la lumière : vos dons en actions
Le premier projet d’eau de Muslim Hands au Yémen a consisté à réhabiliter un puits dans le village de Bir Al-Sheikh, situé dans la région d’Abyan. Avant cette intervention, le mauvais état du puits privait des milliers de personnes déplacées internes, arrivant dans cette zone, d’un accès suffisant à l’eau potable pendant des semaines. Les familles locales, comme celle de Fadhel, vivaient dans l’incertitude face aux risques de maladies liés à une eau contaminée et à un système d’assainissement défaillant.
Fadhel témoigne : « Nous vivions dans la misère car ma mère ne pouvait pas cuisiner, et il n’y avait pas assez d’eau pour que notre famille de huit personnes puisse se laver et nettoyer. Désormais, de l’eau potable est disponible pour toutes les familles du village. Nous avons même constaté une augmentation du nombre de personnes s’installant ici grâce à ce point d’eau. »
Les actions de Muslim Hands au Yémen ont commencé en 2019, et nous avons versé plus de 22 millions d’euros dans divers projets. Ces initiatives incluent des boulangeries produisant des dizaines de milliers de pains chaque jour pour soutenir les plus vulnérables, ainsi que des infrastructures médicales et des écoles.
Concernant les projets liés à l’eau, grâce à votre générosité, environ 3,3 millions de personnes peuvent désormais accéder à une eau potable.
Deux des plus grands projets d’eau réalisés par Muslim Hands ont désormais été achevés : d’abord à Aden et Lahj en 2022, puis à Ma’rib, inauguré en août 2024.
Ces projets avaient pour objectif de réhabiliter les systèmes d’eau existants afin d’augmenter la production et d’améliorer l’approvisionnement, bénéficiant collectivement à 2,9 millions de personnes - principalement des femmes et des enfants.
D’autres actions incluent la restauration de puits profonds, l’installation de panneaux solaires et la construction de nouveaux points de distribution durables, offrant ainsi une eau potable de qualité pour les populations locales.
Un souffle d’espoir dans les foyers yéménites
Yasrab Shah, directeur des collectes de fonds chez Muslim Hands, a participé à l’inauguration des deux projets de puits et a déclaré : « C’était émouvant de prendre part à l’inauguration récente du projet d’eau à Ma’rib, car il aura un impact immense. Une réponse magnifique a eu lieu le lendemain de l’inauguration : un imam local de l’une des plus grandes mosquées de Ma’rib nous a accueillis avec une grande hospitalité et a exprimé sa gratitude pour ce que Muslim Hands accomplit dans l’une des villes à la croissance la plus rapide du Yémen. Cela montre à quel point des projets d’eau comme celui-ci sont vitaux. »
Mufaddal, qui vit à Ma’rib, a exprimé le même sentiment en disant à nos équipes : « Nous sommes profondément reconnaissants envers les donateurs qui se sont mobilisés pour nous aider. Cette intervention a considérablement amélioré la qualité de l’eau. Avant cela, nous devions utiliser des camions-citernes à des prix exorbitants, ce qui demandait beaucoup d’efforts et de temps. Maintenant, nous recevons de l’eau potable en toute sécurité, régulièrement dans nos foyers, et à des coûts minimes. »
Alors que le conflit qui dure depuis dix ans ne montre aucun signe d’apaisement et que le changement climatique continue de ravager les terres et les vies, les familles yéménites n’ont d’autre choix que de continuer à avancer.
Bien que leurs histoires témoignent d’une résilience extraordinaire, la réalité est implacable : sans une intervention significative d’organisations comme Muslim Hands, des millions de personnes au Yémen risquent de s’enfoncer davantage dans ce qui pourrait devenir une crise oubliée.
L’eau est essentielle à la survie, et son accès conditionne l’avenir de millions de familles.
Grâce à votre soutien continu, Muslim Hands reste déterminé à faire face aux besoins urgents des communautés les plus vulnérables.
N.B. : Si vous souhaitez financer nos projets tout en bénéficiant d’une réduction fiscale, c’est possible ! Cliquez ici pour accéder à notre simulateur en ligne et connaitre le montant de votre don déductible.